La lune était sereine et jouait sur les flots.
La fenêtre s’ouvrait sur la rive de Cos.
La sultane, au loin, perçoit comme l’écho
Là-bas, d’un flot d’argent brodant les noirs îlots.
De ses doigts en vibrant s’échappe la guitare ;
Elle écoute ce qui ce soir l’a bercée :
Est-ce un navire ami au rythme cadencé
Battant l’archipel grec de sa rame tartare ?
Sont-ce des cormorans qui plongent tour à tour,
Et coupent un flot amer au profil de leur aile ?
Est-ce le vent sauvage qui hurle, souffle et grêle
Et jette dans la mer les créneaux de la tour ?
Qui trouble ainsi les flots près du sérail des femmes ?
Ni les fleurs d’oranger qui bruissent avec la brise,
Ni les vagues à l’assaut des rochers où se brise
Le lourd vaisseau rampant sur l’eau avec des rames.
Ce sont des sacs pesants d’où partent des sanglots.
On verrait si le jour se levait, là où l’on se promène
Se mouvoir quelques ombres, une présence humaine.
La lune était sereine et jouait sur les flots.
Andrée
La lune était sereine et jouait sur les flots.
La fenêtre est éclairée. Bercée par la brise
La sultane voilée, ou son amour se brise,
Là-bas, d’un flot d’argent brode les noirs flots.
De ses doigts en vibrant s’échappe la guitare.
Elle écoute le vent, la houle en échos.
Est-ce la magique, la somptueuse Cos ?
Battant l’archipel grec de sa rame tartare ?
Sont-ce des cormorans qui plongent tour à tour,
Et coupent la lame, rabattant leurs ailes ?
Est-ce enfin l’image qui se profile, grêle,
Et jette dans la mer les créneaux de la tour ?
Qui trouble ainsi les flots près du sérail des femmes ?
Ni la retenue, en se laissant bercée,
Ni le rythme irrégulier, roulement cadencé,
Du lourd vaisseau, rampant sur l’onde des rames.
Ce sont des sacs pesants, d’où partent les sanglots.
On verrait maintenant la déchirure humaine
Se mouvoir, éternel l’amour qui se promène.
La lune était sereine et jouait sur les flots
D.D’O
La lune était sereine et jouait sur les flots.
La fenêtre béante offrait la brise
La sultane regard triste qui se brise
Là-bas, d’un flot d’argent brode les noirs flots.
De ses doigts en vibrant s’échappe la guitare.
Elle écoute la mer déchainée et l’écho
Est-ce Neptune triomphant des eaux de Cos
Battant l’archipel grec de sa rame tartare?
Sont-ce des cormorans qui plongent tour à tour,
Et coupent leur vol d’un coup enragé d’aile
Est-ce le reflet des corps puissants et grêles.
Et jette dans la mer les créneaux de la tour?
Qui trouble ainsi les flots près du sérail des femmes?
Ni ceux qui curieux et hardis se promènent
Ni celles bercées par la voix si humaine
Du lourd vaisseau, rampant sur l’onde avec des rames.
Ce sont des sacs pesants, d’où partent des sanglots.
On verrait l’abandon des corps d’enfants bercés
Se mouvoir au gré des vagues si cadencés.
La lune était sereine et jouait sur les flots.
RMQ